En Haïti, la question du salaire minimum provoque des remous !

Article : En Haïti, la question du salaire minimum provoque des remous !
Crédit:
16 décembre 2013

En Haïti, la question du salaire minimum provoque des remous !

185 * 139
(Par haitilibre.com)
185 * 139
(Par haitilibre.com)


Le conseil supérieur des salaires (CSS) a annoncé fin novembre dernier que le salaire minimum pour le secteur de la sous traitance allait tomber à 225 gourdes. Cette décision devrait entrer en vigueur en janvier 2014. Soulignons que le salaire minimum a été fixé par la loi du 6 octobre 2009 à 300 gourdes mais n’a jamais été appliqué par le patronat. Aussi, cette décision vient encore aggraver la situation sociopolitique et économique du pays. Depuis, manifs, mobilisations et autres réactions se multiplient…

Quant aux grandes industries de transformation, on en compte très peu en Haïti. D’ailleurs le secteur secondaire ne représente que 17% du PIB du pays. Les rares industries existant œuvrent essentiellement dans la sous-traitance. Mais quelles sont les conditions de travail auxquelles sont soumis les ouvriers ? Comment sont fixés les salaires ? Permettent-ils aux ouvriers de survivre ? Seul un regard objectif sur la réalité peut nous en dire davantage.

Les ouvriers haitiens travaillent dans des conditions vraiment peu agréables. Constituant une main d’œuvre à bon marché faute de formation adéquate, ils en souffrent beaucoup. Dans la sous traitance le 06 octobre 2009, «la loi Benoit», du nom de l’ancien député de Pétion Ville Steven Benoit, avait fixé le salaire minimum à 300 gourdes. Et ce pour une durée de 8 heures de travail journalier. Mais le patronat, selon plusieurs sénateurs du pays et certains observateurs, refuse de l’appliquer. Et pis il augmente le quota de production journalière des ouvriers.

Ce qui fait que la situation de ces ouvriers se complique de jour en jour. Ils ne sont pas bien nourris dans les ateliers, ne bénéficient presque pas d’allocation. En plus, ils doivent pour la plupart, payer le loyer, envoyer des enfants à l’école et subvenir aux besoins de leur famille. Avec quoi alors ? A oui avec une pitance !! Alors leur situation est plus que difficile.

Vient ajouter à cette situation déjà difficile pour les ouvriers, une décision du conseil supérieur des salaires (CSS). Ce dernier fraichement installé a décidé de baisser le salaire minimum de 300 à 225 gourdes. (Taux du dollar américain par rapport à la gourde ce lundi 16 décembre est de : 1 $ US = 43.75 gourdes). Décision qui devrait entrer en vigueur à partir du mois de janvier 2014 après la publication du président de la république.

Depuis, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cette décision. Des déclarations se multiplient à travers les medias du pays pour dire non à ce nouveau salaire. Les organisations populaires se mobilisent pour protester contre cette décision. Les principales victimes c’est-à-dire les ouvriers de ce secteur se mobilisent aussi. Mardi 10 et mercredi 11 décembre ils ont gagné la rue pour faire passer leur frustration face à cette décision.

Ils ont débarqué à la SONAPI plus précisément à l’atelier de Me Charles Henri BAKER, ancien candidat à la présidence du pays. Ils ont vilipendé quelques matériels de l’atelier. Chose très regrettable puisqu’ils pensent que c’est la violence qui les aidera à obtenir satisfaction.

En outre, le mercredi 11 décembre écoulé ils ont été empêchés de gagner l’hôtel Oasis à Pétion Ville où se tenait une réunion du conseil supérieur des salaires. Ils voulaient, selon leur déclaration, donner un message à ce conseil. Ils ont dénoncé les forces de l’ordre qu’ils accusent de défendre les intérêts des nantis du pays. Ils réclament entre autres, 500 gourdes comme salaire journalier.

Les arguments du patronat et du CSS se résument par rapport au risque de fuite de capitaux qu’il existe pour un salaire minimum plus élevé. Mais d’autres analyses montrent qu’un ajustement du salaire de ces ouvriers ne va pas provoquer l’effritement de l’économie haitenne comme le prétend le patronat.

Finalement qui est ce qui paye les pots cassés ? Qui sont les vrais responsables? Que faire ? Les questions sont tellement nombreuses qu’on aurait tendance à croire que leur nombre empêcherait de résoudre les problèmes. Mais il faudra un jour ou l’autre s’engager sur la voie du changement par rapport à cette question de salaire minimum au pays. Syndicats, patronat et l’Etat doivent se mettre d’accord.

© Billy James RAYMOND

Partagez

Commentaires