Haïti, 28 ans après la dictature des «Duvalier» où en est-on ?

Article : Haïti, 28 ans après la dictature des «Duvalier» où en est-on ?
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6 février 2014

Haïti, 28 ans après la dictature des «Duvalier» où en est-on ?

Le 7 février 1986 Jean-Claude Duvalier est chassé du pouvoir en Haïti après un soulèvement populaire. Pendant 29 ans la famille Duvalier a dirigé le pays d’une main de fer en commettant diverses violations et vols. Ce 7 février 2014 est le 28e anniversaire de la chute de ce régime sanguinaire. Quels progrès ont été enregistrés depuis ? Le pays a-t-il connu une amélioration des conditions de vie ou ces dernières ont-elles empiré ? La problématique est là. Pourquoi ne pas en faire une tentative de décryptage ?

Un pays meurtri par la dictature pendant 29 ans.

François Duvalier, élu démocratiquement le 22 septembre 1957 n’a pas pris longtemps pour instaurer une dictature au pays. Surnommé «papa doc», il a jeté les bases d’un régime dictatorial féroce, sanglant et dilapidateur. Un régime soutenu par une milice, « les tontons macoutes » formée dans l’ensemble par la mission militaire américaine et par la gendarmerie nationale en France…

En 1971, à la mort de « papa doc» « l’héritage » est passé à son fils Jean-Claude Duvalier (baby doc) alors âgé de 19 ans, sans aucune expérience. Le règne sanglant a continué. Il y a eu des violations systématiques des droits de l’homme, des centaines de cas de torture, des journalistes ont été maltraités. La liberté a été mise sous les verrous. L’impunité a régné. Le peuple en a été la principale victime. Il a vécu dans la terreur.

Mais le 7 février 1986, le peuple assoiffé de justice, d’un avenir meilleur s’est révolté et « baby doc » a été contraint de quitter le pays. Il s’est enfui laissant derrière lui un pays en effervescence. Jean Claude Duvalier a pillé plus de 300 millions de dollars américains des caisses de l’Etat. Un crime ! Qu’allait-il advenir au pays après son départ ?

De 1986 à nos jours…

Qu’est-ce qui a réellement changé depuis son départ le 7 février 1986 ? C’est la grande question que l’on peut se poser. Les réponses peuvent être étonnantes, mais en fait pas grand-chose n’a changé. C’est toujours la mal vie.

A part certains acquis comme les libertés d’expression, d’association et de manifester librement les principaux problèmes fondamentaux du peuple n’ont pas été résolus. Une justice boiteuse, des cas de pillage des caisses de l’Etat, des conditions de survie pour la plupart des Haïtiens; notre souffrance ne date pas d’hier.

Des politiciens de mauvaise foi continuent de faire souffrir le pays. Ils ne sont pas parvenus à créer cette alternative pour donner au pays une nouvelle ère. Conséquences, le peuple reste dans la misère, dans le sous-développement. On n’a pas trop de chance d’espérer, etc. (Voir Oh ! dilapidateurs donnez une chance à Haïti ! »)

En attendant…

Rentré au pays de manière inattendue le 16 janvier 2011, « baby doc» a été accueilli par des sympathisants. Chose surprenante, beaucoup de jeunes étaient du nombre de ceux qui l’ovationnaient. Oh ! Triste sort, le peuple haïtien serait dépourvu de mémoire historique ? Néanmoins, c’était le cas.

Depuis, cela fait trois ans que l’ancien dictateur circule librement dans le pays. Des défenseurs des droits humains comme Human Rights Worth, Armnesty International et plusieurs voix se sont élevées pour demander qu’il soit jugé pour crimes contre l’humanité. Mais rien n’est fait, il est toujours là tranquillement.

Au contraire, il reçoit la visite de l’actuel président Martelly prétendant que tous les acteurs de la vie nationale doivent participer au processus de réconciliation. Alors qu’il n’a pas été jugé pour ses actes inhumains. Comment la réconciliation est-elle possible sans justice et réparation ? Une vraie aberration.

Une chose qui m’a encore choqué est que « baby doc » est souvent mis à l’honneur par des écoliers qui le choisissent comme parrain de promotion. C’est encore un autre exemple qui montre que la mémoire historique de ce peuple est enchaînée.

Néanmoins tant que ce peuple existera, il y aura des voix qui s’élèveront pour réclamer justice et réparation. Des voix et des actions pour que ce pays connaisse un renouveau.

© Billy James RAYMOND

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