Des écoliers haïtiens à la manif…

Article : Des écoliers haïtiens à la manif…
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28 janvier 2014

Des écoliers haïtiens à la manif…

Crédit photo: lenouvelliste.com
Crédit photo: lenouvelliste.com

Depuis le 20 janvier 2014 la majorité des écoles publiques de Port-au-Prince et de quelques villes de province ne fonctionnent point. Les professeurs sont en grève, les écoliers sont à la rue pour exiger de meilleures conditions de travail et certains établissements privés travaillent sous pression, etc. Ces derniers évènements viennent embrouiller une situation déjà tendue.

Voir des écoliers en pleine rue avec des branches d’arbre en main est franchement déconcertant. Des jeunes adolescents qui devraient être normalement en salle de cours manifestent parce qu’ils ne peuvent travailler faute de professeurs. Ces derniers qui touchent une misère sont en grève pour exiger entre autres un salaire de base de 50 000 gourdes, soit $ 1 142.85 US le mois. Salaire qui leur permettrait de cesser de penser à ce qu’ils auront à manger à la maison en revenant des cours. Ils réclamer aussi l’accès à un statut particulier pour les professionnels du secteur public de l’éducation (article 77 et 78 du décret du 17 mai 2005).

Certes la Constitution haïtienne prévoit le droit à l’éducation au moins primaire pour tous les enfants. Mais ce qui est aberrant, c’est lorsque ce sont ces enfants pour la plupart, non encore majeurs qui se battent pour faire appliquer ce droit.

Des manifs qui peuvent déraper

Le constat qui a été fait depuis la semaine dernière est qu’il y a une tendance à la violence dans certaines de ces manifs. Des écoliers exaspérés manifestent leur rage avec beaucoup d’émotion. Jeudi dernier ils ont jeté des pierres à certains établissements privés qui fonctionnaient normalement.

Néanmoins les forces de l’ordre créent le désordre quelquefois en les contraignent à se disperser. Les policiers leur lancent du gaz lacrymogène pour les empêcher d’atteindre certaines zones stratégiques comme le devant du palais national. Vendredi dernier j’ai été victime de l’effet du gaz lacrymogène alors que je lisais tranquillement dans une bibliothèque. Du gaz lacrymogène à des enfants ? Inconcevable ! Bref…
Hier encore en me rendant à la fac, j’ai croisé un groupe d’écoliers qui disaient que la bataille se poursuivra jusqu’au bout. Jusqu’à ce qu’ils obtiennent ce qu’ils réclament.

Possibilité d’une résolution ?

Quant aux «pourparlers» il y en a eu certainement même si ce n’est que «pour parler.» C’est la manière de faire ici. Une commission ad hoc du gouvernement et des représentants, semblerait-il peu représentatifs du corps enseignant du secteur public ont négocié. L’Etat serait prêt à revoir à la hausse leur salaire de misère.

Mais aucune précision n’a été apportée sur le montant d’une part et l’UNNOH (L’Union des normaliennes et normaliens haïtiens) crie à la marchandisation de la lutte. Ce syndicat, principal organe syndical du corps des enseignants n’a pas été à la table des négociations. Il maintient son mot d’ordre de grève générale illimitée. D’ailleurs des manifs sont encore prévues toute cette semaine.

Cet enchevêtrement de crises au pays rend le nœud des problèmes à résoudre encore plus difficile à dénouer. Surtout quand il s’agit d’une génération de jeunes écoliers et écolières. Que faire ? En attendant, la mobilisation continue…

© Billy James RAYMOND

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billy
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