Quand j’ai cru frôler la mort, ce 12 janvier 2010 !

Article : Quand j’ai cru frôler la mort, ce 12 janvier 2010 !
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12 janvier 2014

Quand j’ai cru frôler la mort, ce 12 janvier 2010 !

275*183
(Credit photo:20minutes.fr)
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Un peu mordu de lecture, je lisais tranquillement un ouvrage de Guy Rocher : « Introduction à la sociologie générale, tome 1- L’action sociale». Nécessité m’obligeait car je venais de passer le concours d’entrer à la Faculté des Sciences humaines. Apprenti sociologue, donc je prenais un plaisir immense à ce genre d’ouvrage. Mais mon Dieu ! cette partie de lecture dans laquelle j’étais tellement immergé allait bientôt être troublée. En ce mardi après-midi, soleil presque disparu du côté ouest. C’était juste imprévisible.

Un événement auquel je n’étais pas habitué allait effrayer la tranquillité qui régnait en moi. D’ailleurs la grande majorité de mes frères haitiens n’y était pas non plus. C’était comme, pour ainsi dire dans un film. Je ne savais pas si j’y étais acteur ou spectateur. J’étais peut être les deux qui sait ? Acteur dans le sens que je vivais la situation et je devais réagir face à l’anxiété débordante qui se déclenchait de mon for intérieur. Spectateur dans le sens que j’assistais à une expérience d’une ampleur effrayante sans précédent.

Dans tout cela je n’ai pas besoin de vous dire l’effroi qui m’était en partage. Ben, livre en main assis sur le toit de chez moi (maison basse des années 1990). L’heure qu’il faisait j’allais le savoir après à travers les journaux. Oui une heure qui restera éternellement gravée dans la mémoire de l’histoire. Bien sûr l’histoire ne saurait ne pas la retenir. La mémorable 16 heures 53 minutes de Port au Prince, ce mardi 12 janvier 2010.

De mon siège de fortune, je voyais comme la nature tremblée comme une feuille de papier. Les arbres de ma cour me donnaient l’impression de tomber vers ma direction. Et entre temps le toit sur lequel j’étais assis secouait dans tous les sens. Et les murs commençaient à se fendre. Je savais ce que c’était mais honnêtement j’ignorais les bonnes réactions qu’il fallait avoir.

Il fallait réagir vite car dans l’air il y avait une odeur de malheur. Une odeur suffocante d’angoisse et pimentée de cette idée de mourir si jeune. Que faire alors ? sauter du haut du toit et me retrouver dans la cour? Non je n’ai jamais suivi de cours d’Arts martiaux et je n’ai pas d’ailes. Outre cela, je ne sais pas si la maison au cas où elle s’écroulait ne tomberait pas sur moi.

Alors courir le long du toit vers la passerelle pour y descendre ? La rage du tremblement ne me laisserait pas garder mon équilibre en courant. Oups! J’avais plus que l’embarras du choix. Dilemme plus qu’embarrassant. Alors j’ai décidé. Et ma décision a été de coucher à plat sur le toit. Car me disais-je s’il faut que la maison s’écroule, je resterai collé au toit.

Dieu merci ! Car il faut bien le dire j’ai invoqué son nom. La maison a secoué, un mur fait de pierre s’est écroulé, deux autres fendus mais la maison n’a pas cédé. Les colonnes ont pu supporter pendant environ 35 secondes qu’a duré ce calvaire. Ces secondes, qui m’ont semblé une éternité, une punition, ne m’ont pas emporté.

Toute suite l’arrêt a eu lieu, j’ai couru vers la passerelle et j’étais descendu. Jusque-là je ne saurais imaginer l’ampleur des dégâts. Le ciel de Port au Prince était couvert d’immenses tas de nuages poussiéreux. Des cris se sont élevés partout. Il fallait savoir si sa famille et ses amis étaient encore en vie. Car on s’est rendu compte que ce qui venait d’avoir lieu était un séisme meurtrier pour le pays. Et ce deux ans après que quatre cyclones auront frappé le pays terriblement.

Tous commentaient l’événement et les rues de Port au Prince et la plupart de nos villes étaient jonchées de cadavres et de blessés. C’était juste incompréhensible ! Heureusement toute ma famille et mes amis étaient encore en vie. Mais ce qui m’a le plus profondément touché, c’était le fait d’imaginer que je pourrais être de leur nombre.

Je considère tous ceux qui sont sortis vivant de cette horrible catastrophe comme des rescapés. Moi aussi j’en fais partie. La vie m’est encore restée un cadeau précieux. Plus précieux que du diamant. J’en suis ravi. Ce moment de ma vie je ne l’oublierai jamais, pas seulement moi mais le peuple haïtien tout entier.

© Billy James RAYMOND

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Commentaires

Osman Jérôme
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Émouvant, comme vécu.Dieu merci que tu sois encore vivant. Vive la vie.

billy
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Dieu merci je suiss encore vivant! Merci mon frere