Monologue d’un frustré en quête d’emploi

Article : Monologue d’un frustré en quête d’emploi
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25 mars 2015

Monologue d’un frustré en quête d’emploi

Licence: CC0 Public Domain / FAQ
Licence: CC0 Public Domain / FAQ

Je suis né il y a trois décennies dans une famille pauvre. Avec mes frères et sœurs j’ai grandi dans un ghetto. Mes parents ont fait tout ce qu’ils ont pu pour me mettre à l’école. J’ai passé plusieurs années à l’école jusqu’à ma classe terminale. Pendant tout ce temps, j’étais sous l’entière responsabilité de mes parents. Ils prenaient soin de moi et m’offraient le peu qu’ils avaient. Ils se sacrifiaient pour nous nourrir, nous acheter des vêtements d’occasion et nous envoyer dans des écoles publiques. Ils ne pouvaient nous offrir mieux. Mais l’important disaient-ils :« Vous êtes à l’école. C’est le plus grand cadeau que nous pouvons vous offrir. Apprenez pour pouvoir vous être utiles demain. »

Les souvenirs de ce passé qui est si récent dans ma tête ne cessent de me hanter l’esprit. Je disais toujours quand je serai grand je serai comptable, je trouverai un bon job et je prendrai soin de mes parents. Voilà ma mère nous a laissés alors que j’allais aborder ma première année de faculté. La crainte de ne pas pouvoir réaliser tout ce dont j’avais rêvé m’effrayait…

J’ai abordé la fac avec une fougue extraordinaire. Comme j’ai toujours rêvé, j’ai abordé la comptabilité. J’ai passé avec succès ma licence. J’étais prêt pour le marché du travail. Je voulais un vrai job. J’ai postulé pour plusieurs postes. J’ai passé des interviews, mais à chaque fois on ne m’appelle pas. J’ai contacté plusieurs personnes dont des amis de ma famille je n’arrive à ne rien dégoter.

Jusqu’à présent, je cherche. Mon attente est longue. Mon espoir veut se ternir, mais je veux continuer d’espérer. Ma situation est peut-être le résultat de l’organisation de l’école de mon pays. Mais aussi d’autres institutions telles les églises, les familles… On nous enseigne une vision linéaire de la vie. On doit aller à l’école puis trouver un emploi, fonder une famille, éduquer se enfants. Tout cela traduirait selon plus d’un, notre réussite. Mais quelle réussite quand à 32 ans je ne travaille pas, je suis dans la misère?Quelle réussite quand les employeurs me font marcher à longueur de journée sans même prendre en compte mes qualifications.

Chez moi quand quelqu’un parle tout seul on dit qu’il devient fou ou qu’il a de graves problèmes. Je ne travaille pas. Je dois me vêtir, sortir, réaliser mes rêves, aider les autres… Mais avec quoi vais-je pouvoir réaliser tout cela ? Si je monologue, c’est peut-être pour me défouler un peu de ma frustration.

Je me demande s’il ne faut pas changer la vision des choses. Pourquoi ne pas voir différemment la façon de vivre ? Je suis jeune. Il y beaucoup de jeunes dans le pays avec beaucoup d’aptitudes, de compétences et de qualifications. Nous pouvons changer les choses. Nous pouvons créer. Au lieu d’attendre qu’on vienne nous offrir un boulot en deçà de nos compétences pourquoi ne pas créer quelque chose ? Pourquoi ne pas travailler en équipe, trouver des partenaires fiables ? Nous sommes Haïtiens, c’est d’abord à nous de nous occuper de notre chère Ayiti. Je me décide, donc je vais me mettre au boulot rapidement…

© Billy

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Emrys
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Ce thème me passionne après lecteur de cet article