En Haïti, les enfants des rues ont-ils aussi des droits ?

Article : En Haïti, les enfants des rues ont-ils aussi des droits ?
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20 novembre 2013

En Haïti, les enfants des rues ont-ils aussi des droits ?

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Préoccupante question sociétale, la situation des enfants des rues reste une question fondamentale qui mérite d’être débattue dans la société haïtienne. Les droits de ces enfants ne sont point respectés. Ils sont humiliés, marginalisés, délaissés. Se livrant à toutes sortes d’activités malsaines, ils sont souvent considérés comme des dangers sociaux. Je leur dédie ce billet.

Sous les galeries, à travers les rues de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans bien d’autres départements du pays on les croise. Il faudrait être aveugle pour ne pas croiser leur regard, ces enfants sales, portant des vêtements en lambeaux, pieds nus, bref des êtres luttant contre les douleurs de la vie. On les appelle enfants des rues et ce sont des enfants comme tous les autres.

Plusieurs causes expliquent leur statut d’enfants des rues. Ils sont généralement abandonnés par leurs parents ou bien ces derniers peuvent avoir connu la mort alors que les enfants étaient encore jeunes. Certaines fois, ils abandonnent la demeure où ils résidaient chez un membre de la famille ou un proche pour cause de mauvais traitements.

On trouve aussi bien des filles que des garçons. Certains sont plus vulnérables que d’autres. Nombreux sont ceux qui n’ont pas 18 ans, leur seule demeure est la rue. Ils dorment sous les galeries des magasins, des églises, etc. en petites bandes et ce sur des cartons ou à même le sol.

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Pour survivre, ils se livrent à toutes sortes d’activités comme le lavage des voitures, la mendicité et bien d’autres petits boulots. La plupart sont sous alimentés et affectés par la consommation d’alcool, de drogue et aussi par des maladies sexuellement transmissibles notamment le sida, car ils subissent des abus sexuels.

Mais ces êtres fragiles qui devraient être hébergés dans des familles ou des auberges qu’ont-ils fait pour mériter cela ? Est-ce  une fatalité de la vie ? Ou encore les causes de cette débâcle sociétale s’expliquent-elles par les conditions de la société haïtienne ? Certes, ces questions peuvent nous paraître épineuses, mais il faut bien leur trouver des réponses.

Le mauvais sort n’explique cette situation ni la fatalité. Ces enfants sont dans la rue en raison d’une débâcle sociétale évidente, une faiblesse des autorités étatiques, une démission des principales institutions de la société haïtienne telle la famille. Ils ne vont pas à l’école et n’ont point accès aux services sociaux de base, néanmoins des articles de la Constitution du pays stipulent ces droits (Article 19 ; 32 à 32.10 ; 33 à 34.1). Dans la réalité, ces enfants sont maltraités, méprisés, regardés comme des voyous, des dangers sociaux, etc. Sont-ils mauvais pour autant ? Ils ne sont pas forcément mauvais, leur sort n’est pas perdu. Ils peuvent devenir des citoyens normaux, honnêtes, patriotes s’ils sont réinsérés, éduqués et s’ils intègrent la vie normale.

C’est pourquoi nous félicitons quelques initiatives de certaines institutions comme l’IBERS (Institut de bien-être social), L’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance), BPM (Brigade de protection des mineurs) et aussi des actions de  l’Etat haitien visant à aider à la réinsertion de ces enfants. Mais le plus important à notre avis ne réside pas dans quelques actions isolées, mais dans des politiques sociales réelles et efficaces visant à pallier cette situation. Et aussi lutter pour que le flux d’enfants gagnant les rues ne cesse d’accroitre.

Les enfants sont l’avenir de ce pays, peu importe le rang social qu’ils occupent, la couleur de leur peau ou autre. Ceux qui sont dans les rues sont eux aussi de petits Haïtiens, des fils et des filles de la terre d’Haïti. Ils héritent des droits de la Constitution haïtienne et des conventions internationales comme tous les enfants du monde. Donnons-leur notre attention et travaillons pour faire respecter leurs droits.

© Billy James RAYMOND

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Commentaires

billy
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Texte a lire!!!

Mylène
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Oui, tout enfant - comme tout adulte - a des droits et il est bon de le dire, l'écrire, encore et encore, jusqu'à ce que cela s'impose comme une évidence, non seulement dans les textes, les discours, mais aussi dans les actes et actions, des institutions, mais aussi de chacun d'entre nous. Merci pour ce texte.

billy
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merci a toi Mylene pour le commentaire je l'approuve ***