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L’accès à l’eau potable, le calvaire des habitants de Bellevue-la-Montagne

Adolescente puisant de l’eau à trou-d’eau (Pétion-Ville) / Crédit photo: Billy James RAYMOND
Les problèmes de déforestation, de désertification eaffectent considérablement l’hydrographie d’Haïti, provoquant le tarissement de certaines sources. C’est le cas de la 4e section Bellevue-la-montagne, dans la commune de Pétion-Ville, où les habitants vivent le cauchemar de leur vie à la recherche.
Max, un adolescent de 15 ans, part à la recherche de l’eau, accompagné de ses amis, tous les après-midis à « Galèt Mayann ». Le long chemin à parcourir pour trouver l’eau, ce précieux liquide servant tant à étancher la soif de sa famille qu’à la cuisson des aliments, est ardu. C’est sa corvée quotidienne. Ses parents étant incapables de payer le sceau d’eau qui parfois se vend à 10 gourdes, il doit, comme un animal de trait, faire des allers et retours incessants, pour apporter un peu d’eau parfois verdâtre, après une longue période sans pluie, à la maison. Sur ce chemin de douleur, on peut observer des enfants et des adultes surtout des femmes de tout âge qui se ruent vers les petites mares d’eau croupissantes. Tôt le matin mais aussi tard après la tombée de la nuit. Leur survie en dépend.
Dans la 4e section Bellevue-la-Montagne, puiser de l’eau, parfois non potable, est un véritable casse-tête. Le débit de l’eau des sources diminue gravement. Cette eau, souvent de mauvaise qualité, peut transmettre des maladies telles que la typhoïde ou la diarrhée, selon Hadson Albert Archange, un habitant interviewé. La section communale compte plusieurs sources: source Duvier, source Mathieu, source Martha, source Duval… Trois parmis celles de « Galèt Mayann » n’existent que de nom. Elles sont à sec. L’assèchement des sources d’eau laisse aux abois une population qui manque cruellement de tout pour vivre décemment.Aujourd’hui, ceux qui en ont les moyens construisent des bassins, attendent avec impatience les eaux pluviales. D’autres achètent des camions d’eau pour usage domestique ou pour les revendre. Hadson Albert, un habitant de la zone, ne voit pas trop de perspectives pour y remédier. « Cette situation a empiré depuis le 12 janvier 2010. Quand il pleut, c’est une bénédiction pour certains résidents qui sont obligés de creuser dans le sol à la recherche de l’eau », témoigne-t-il.
Pour les causes de ce problème, le directeur de l’organisme de l’État responsable du développement du secteur Eau potable et assainissement, Bénito Dumay, pointe du doigt la « coupe abusive des arbres » et « l’occupation des champs du périmètre de captage par la population ». Donc, la dégradation accélérée de l’environnement. Pour lui, il ne devrait pas y avoir de maisons ou d’activités anthropiques dans le périmètre immédiat des sources. « Les sources sont alimentées par l’eau de pluie. Mais quand il n’y a pas d’arbres autour de ces sources ni de moyens de rétention d’eau, elle va à la mère entraînant l’érosion des sols. Cela aura pour conséquence de diminuer la nappe phréatique et de provoquer le tarissement des sources », explique-t-il en fin connaisseur.À la tête de la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA) depuis juin 2014, Benito Dumay estime que, pour réalimenter les nappes phréatiques et améliorer la qualité de l’eau, il faut tout un programme de reforestation et de conservation des sols. « L’eau est sous terre, dans la nappe, mais en quantité insuffisante pour remonter, renchérit M. Dumay qui fait parler son expérience. Une fois qu’on rétablit un périmètre de protection autour des sources, on peut avoir à nouveau de l’eau. »
Du côté du Ministère de l’environnement (MDE), le pronostic vital est engagé. Dans une étude publiée en 2015, titrée ‘« Programme aligné d’action nationale de lutte contre la désertification », il a fait savoir que la « désertification a déjà gagné l’ensemble du territoire et sous les formes très variées que sont l’érosion, la salinisation, le colluvionnement, la sècheresse et l’imperméabilisation ». Cette situation, poursuit le ministère de l’Environnement, est appelée à s’aggraver […] Plus de la moitié de la superficie d’Haïti sera en grand danger de désertification à cause de l’avancée rapide du déboisement et du changement climatique.
L’explication en lien avec les changements climatiques n’est pas à exclure de l’équation, nous dit Alexandra Destin PIERRE, cadre du ministère de l’Environnement. L’assèchement des sources pourrait s’expliquer à deux niveaux, selon elle. « Le déboisement aussi en montagne et dans les régions avoisinantes nuit à la distribution et au cycle de répartition des pluies dans la zone. Tout comme le réchauffement climatique, il peut y avoir un déséquilibre des saisons qui allonge ou réduit les périodes de sécheresse, tout comme les périodes de pluie. Ce qui ne reste pas sans conséquence sur l’environnement », a-t-elle, en effet, détaillé pour montrer le lien avec le réchauffement de la planète.Haïti éprouve encore du mal à garantir l’accès universel à l’eau potable tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Dans les zones rurales, c’est là que le bât blesse. L’eau du robinet ne coule jamais. Selon l’Unicef, 49% de ces gens n’ont pas accès actuellement à l’eau potable. Trouver une source d’eau fiable et potable a toujours été un défi pour les Haïtiens. Toutefois, les changements climatiques et la longue période de sécheresse intervenus au cours des dernières années ont exacerbé ce problème.

 


Absence d’identité, facteur de blocage de millions d’Haïtiens

Local residents collect their birth certificates in Leogane on September 15, 2011. The United Nations High Commissioner for Refugees is partnering with local NGO, Action Citoyenne pour l'Abolition de la Torture (ACAT) to provide assistance with obtaining vital documents needed to rebuild lives after the devastating earthquake of January 2010. Photo Victoria Hazou UN/MINUSTAH
Local residents collect their birth certificates in Leogane on September 15, 2011. The United Nations High Commissioner for Refugees is partnering with local NGO, Action Citoyenne pour l’Abolition de la Torture (ACAT) to provide assistance with obtaining vital documents needed to rebuild lives after the devastating earthquake of January 2010.
Photo Victoria Hazou UN/MINUSTAH

Selon les statistiques, plus de trois millions d’Haïtiens vivent sans leur acte de naissance. Donc, sans identité. Cela constitue un vrai facteur de blocage dans leur fonctionnement quotidien.

Job est né en 2011 dans les hauteurs de Pétion-ville. Pourtant jusqu’en août 2016 sa naissance n’a pas été déclarée chez l’officier d’Etat civil de la commune. Son père ne s’en soucie guère car depuis 2004 lui aussi vit sans son acte de naissance. Le dit document a été emporté par les eaux du cyclone Jeanne. Depuis, ses préoccupations paternelles se résument à nourrir sa femme et ses deux enfants.

Job est loin d’être le seul enfant du pays dont la naissance n’a jamais été déclarée chez l’Officier d’Etat civil. « Plus de trois millions d’Haïtiens à travers le pays vivent sans acte de naissance », affirme Philipe Jean Thomas du Groupe Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR). Ils ont hérité d’un nom. On se souvient parfois de leur année de naissance. Mais ils vivent dans l’anonymat quant à une existence civile. »

Selon le GARR, tout individu n’ayant pas été déclaré chez l’Officier d’Etat civil est sujet à des difficultés de tout genre dans sa vie. Quelqu’un n’ayant jamais existé civilement ne saura obtenir à l’avenir ni une carte d’identification, ni sa licence, ni un extrait des archives, encore moins un passeport etc. Il ne pourra jouir d’aucun droit civil ou politique. Il ne pourra être à même de soumettre un document officiel le cas échéant dans une situation donnée. Même s’il participe à des activités de la vie de tous les jours, il reste limité quant à la pleine jouissance de ses droits et devoirs. « Dans le cadre de notre travail, nous rencontrons des localités de notre commune qui sont sévèrement touchées par ce problème, rapporte Monique Mondésir, officier d’Etat civil de la commune de Pétion Ville depuis 1998. Nous avons découvert plusieurs générations d’une même famille vivant sans jamais exister civilement. Ni les grands parents, ni les enfants, ni les petits enfants ne possèdent un acte de naissance. Beaucoup de gens, lorsqu’ils se présentent à notre bureau pour se marier, sont étonnés d’apprendre qu’ils ne le pourront pas sans présenter un acte de naissance. »

Cette absence d’identité touche systématiquement toutes les générations à travers le pays. « C’est un problème fondamental car l’acte de naissance c’est le point de départ de la vie de chaque individu, précise Monique Mondésir. Le séisme du 12 janvier a aggravé davantage cette situation étant donné que des milliers d’individus ont tout perdu. »  Pourtant, dans l’article 24 alinéa 2 du Pacte international des droits civils et politiques (adopté le 16 décembre 1966 et entrée en vigueur le 23 mars 1976) il est dit que : « Tout enfant doit être enregistré immédiatement après sa naissance et avoir un nom. »

Le problème de la déclaration de naissance des enfants touche davantage les milieux reculés du pays. « Cela est dû à un manque d’éducation des parents, déduit Jerry Pierre Gilles, assistant chef de service à l’Office de protection du citoyen (OPC). Ils ne savent pas qu’ils doivent déclarer la naissance de leurs progénitures, du coup ces derniers grandissent sans pouvoir bénéficier des droits qu’ils ont à la naissance. »

Le problème ne se pose presque plus pour les enfants qui naissent dans les hôpitaux. En effet, un enfant né à l’hôpital bénéficie d’un certificat de naissance dûment signé par le médecin. Ce document servira à le déclarer devant l’officier d’Etat civil. « La majorité des parents haïtiens mettent leurs bébés au monde à la maison. Cela constitue un vrai problème quant à l’enregistrement de ces derniers dans des coins reculés du pays », précise Jerry Pierre Gilles.

Les faits expliquant que beaucoup d’Haïtiens vivent sans identité sont multiples. Monique Mondésir pointe du doigt les conditions de travail de ceux qui sont chargés d’enregistrer les nouveau-nés. « Les officiers d’Etat civil doivent se procurer eux-mêmes les matériels de travail tels cahiers et registres, informe-t-elle. Avec un salaire mensuel net de 13 678 gourdes ($ 210 US/ 1 $= 65 Gourdes) et très peu de personnels pour faire le travail, ils doivent souvent engager des clercs. Dans ce sens, la faiblesse de l’État y est aussi pour beaucoup.»

L’administration de l’ancien président Joseph Michel Martelly avait pris le décret du 16 janvier 2014 donnant droit à ceux qui n’ont jamais été enregistrés (ou qui ont perdu leurs actes de naissance) de se rendre chez l’officier d’Etat civil de leur commune pour le faire. Des responsables d’organisation des droits humains estiment que ce décret, tel qu’il est appliqué, ne résoudra pas le problème en profondeur, car, pour avoir droit à cet acte de naissance sur la base de la déclaration tardive, l’individu doit être muni d’ « un négatif. » Ce document lui sera accordé par les Archives nationales moyennant un certificat de baptême légalisé par l’archevêché de Port-au-Prince, ou à défaut, d’un acte de notoriété du tribunal. En moyenne cela coûterait à l’individu jusqu’à 2500 gourdes !

« Régulariser le système d’état civil, mettre du matériel adéquat à la disposition des officiers d’Etat civil, renforcer la campagne de sensibilisation de la population sur le sujet » sont quelques-unes des propositions faites aux autorités haïtiennes par Mme Mondésir pour résoudre le problème. Le pays pourra ainsi franchir un pas de géant vers le respect des droits de fils et filles.


Ayiti, et si l’on votait parce-que…

Crédit photo: gettyimages  © AFP
Crédit photo: gettyimages
© AFP

Après un 9 aout contesté et rempli d’irrégularités Ayiti a rendez-vous avec les urnes ce 25 octobre.          Encore ce passage douloureux pour le pays. Beaucoup sortiront voter néanmoins on n’a pas trop la garantie que la démocratie sortir vainqueur. Et si l’on votait réellement avec la tête posée comment serait le pays ? Alors et si l’on votait chez nous parce que…

1.- L’on connaissait vraiment les partis politiques

La question des partis politiques chez nous est un vrai problème. De leur création a leur fonctionnement. Pourtant ce sont eux qui nous offrent une pléiade de candidats. Bref,  partis mal structurés, à peine nés ils nous tombent dessus comme de la grêle. On ne les connait pas. Ils sont créés par des avares qui veulent eux part du gâteau. Avec des partis engagés, organisés, fondés sur une base idéologique ne serait-on pas autrement ? J’en suis certain. A vous de choisir où vous vous tenez.

2.- Les candidats avaient de bons programmes

En plus d’être méconnus du grand public la plupart des candidats ne présente pas grand-chose comme programme. Ils ont des slogans qui font certaines fois rire. Avec des partis politiques plus structurées on aurait de meilleurs  candidats. Malgre tout, notre vote doit se porter sur des programmes non des personnes. Alors réfléchissez avant de voter.

3.- La politique en Ayiti ne répugnait pas

La politique  devrait normalement s’occuper de la gestion de la cité. Cependant on a l’impression que chez nous c’est autre chose. Il n’y a qu’un empressement de remplir ses poches. E le pays ne bénéficie que des miettes. Il n’y a pas de véritables plans. Les politiques échangent leur dignité contre de l’argent. Ils s’allient dans des alliances douteuses. Ils sont tantôt à droite tantôt à gauche tantôt nulle part. Je me demande au final que poursuivent-ils. Il faut scruter pour trouver les rares exceptions. Alors allez-y.

4.- On avait vraiment le choix

A-t-on  le choix en allant voter ? Qui choisir parmi ces politiciens traditionnels ? Ces derniers ont été au pouvoir. La plupart d’entre eux sont passés et ont laissé des traces douteuses. Ils n’ont rien foutu pour sortir le pays de son pétrin. Mais qui choisir quand c’est la déception qu’ils ont eu comme résultat?

D’autres  arrivent quasi totalement  méconnus de la scène politique. Ils n’étaient engagés nulle part pour la moindre cause. On ne les connait pas. Comment donc choisir ? Certains diraient « faute de grives on mange de merle » Mais l’expérience n’a pas toujours été bonne. Sinon qu’elle en a été très rarement. Votre choix dépendra de vous.

 

 

  1. – L’on ne vendait pas son vote pour rien

Sur le marché électoral ayitien il y a des demandeurs et des offreurs de vote. Le prix ? Une pitance. Au fait c’est inconcevable que (500 gourdes = 10 $ US) ou moins suffit à donner sa voix a quelqu’un. On ne vote pas programme. On vote pour passer sa faim. Offusquant mais c’est bien regrettable. Quand décidera-t-on que cela cesse ? A nous de voir.

6.- La tradition n’était pas un fardeau

Ce sont des élections haïtiennes de toute façon elles ne sauraient être bonnes. Ecœurant ! On a cette tradition chez nous que nos élections se passent toujours mal. On ne veut point s’entendre. J’en ai honte. J’en ai marre. Cette tradition nous enlaidit et c’est très grave. Pourquoi ne pouvons-nous pa faire mieux ? A nous d’agir.

7.- On aimait véritablement Haïti.

Pour moi c’est ce qui devrait être le principe. L’amour de notre Ayiti devrait pouvoir guider nous autres. On scande partout les exemples d’ailleurs mais on s’en fiche complètement. J’essaie d’imaginer un instant si le vote était guidé par l’amour de la patrie. On éviterait de choisir les bons a riens, les pilleurs, les inutiles etc. Par conséquents  compatriotes votez avec vos têtes.

© Billy


Monologue d’un frustré en quête d’emploi

Licence: CC0 Public Domain / FAQ
Licence: CC0 Public Domain / FAQ

Je suis né il y a trois décennies dans une famille pauvre. Avec mes frères et sœurs j’ai grandi dans un ghetto. Mes parents ont fait tout ce qu’ils ont pu pour me mettre à l’école. J’ai passé plusieurs années à l’école jusqu’à ma classe terminale. Pendant tout ce temps, j’étais sous l’entière responsabilité de mes parents. Ils prenaient soin de moi et m’offraient le peu qu’ils avaient. Ils se sacrifiaient pour nous nourrir, nous acheter des vêtements d’occasion et nous envoyer dans des écoles publiques. Ils ne pouvaient nous offrir mieux. Mais l’important disaient-ils :« Vous êtes à l’école. C’est le plus grand cadeau que nous pouvons vous offrir. Apprenez pour pouvoir vous être utiles demain. »

Les souvenirs de ce passé qui est si récent dans ma tête ne cessent de me hanter l’esprit. Je disais toujours quand je serai grand je serai comptable, je trouverai un bon job et je prendrai soin de mes parents. Voilà ma mère nous a laissés alors que j’allais aborder ma première année de faculté. La crainte de ne pas pouvoir réaliser tout ce dont j’avais rêvé m’effrayait…

J’ai abordé la fac avec une fougue extraordinaire. Comme j’ai toujours rêvé, j’ai abordé la comptabilité. J’ai passé avec succès ma licence. J’étais prêt pour le marché du travail. Je voulais un vrai job. J’ai postulé pour plusieurs postes. J’ai passé des interviews, mais à chaque fois on ne m’appelle pas. J’ai contacté plusieurs personnes dont des amis de ma famille je n’arrive à ne rien dégoter.

Jusqu’à présent, je cherche. Mon attente est longue. Mon espoir veut se ternir, mais je veux continuer d’espérer. Ma situation est peut-être le résultat de l’organisation de l’école de mon pays. Mais aussi d’autres institutions telles les églises, les familles… On nous enseigne une vision linéaire de la vie. On doit aller à l’école puis trouver un emploi, fonder une famille, éduquer se enfants. Tout cela traduirait selon plus d’un, notre réussite. Mais quelle réussite quand à 32 ans je ne travaille pas, je suis dans la misère?Quelle réussite quand les employeurs me font marcher à longueur de journée sans même prendre en compte mes qualifications.

Chez moi quand quelqu’un parle tout seul on dit qu’il devient fou ou qu’il a de graves problèmes. Je ne travaille pas. Je dois me vêtir, sortir, réaliser mes rêves, aider les autres… Mais avec quoi vais-je pouvoir réaliser tout cela ? Si je monologue, c’est peut-être pour me défouler un peu de ma frustration.

Je me demande s’il ne faut pas changer la vision des choses. Pourquoi ne pas voir différemment la façon de vivre ? Je suis jeune. Il y beaucoup de jeunes dans le pays avec beaucoup d’aptitudes, de compétences et de qualifications. Nous pouvons changer les choses. Nous pouvons créer. Au lieu d’attendre qu’on vienne nous offrir un boulot en deçà de nos compétences pourquoi ne pas créer quelque chose ? Pourquoi ne pas travailler en équipe, trouver des partenaires fiables ? Nous sommes Haïtiens, c’est d’abord à nous de nous occuper de notre chère Ayiti. Je me décide, donc je vais me mettre au boulot rapidement…

© Billy


Pour une Francophonie dans toute sa diversité

Crédit photo: unrincondelabiblioteca.blogspot.com-
Crédit photo:
unrincondelabiblioteca.blogspot.com-

Ce 20 mars 2015 ramène la 45e journée internationale de la Francophonie. Cette année le thème retenu est : «Jeunes, environnement et climat.» Beaucoup de réflexions, de conférences et d’ateliers de travail ont lieu partout à travers le monde. Tout cela est porté par le slogan : « j’ai à cœur ma planète. » La Francophonie est portée par l’OIF (organisation internationale de la Francophonie) et compte parmi les plus grandes institutions internationales. Ce qui veut dire qu’elle pèse lourd dans de nombreuses décisions qui sont prises à travers le monde. Mais elle prend aussi des engagements à relever des défis planétaires.

La francophonie avec ses 53 Etats et gouvernements membres  et 27 observateurs représente un riche espace avec le français en commun. Néanmoins la francophonie n’est pas que le français mais c’est toute une diversité. La richesse de la francophonie réside donc dans sa diversité. Une diversité fortement marquée par la présence d’Etats des 5 continents de la planète au sein de l’organisation. Dans chacun de ces Etats le Français s’adapte de manière différente et constitue un patrimoine propre…

Une diversité portée par la diversité culturelle des Etats membres. A travers la littérature, les arts, la religion, la politique etc. la Francophonie est diverse et vaste. Une diversité dans la jeunesse francophone. Une diversité dans les espaces francophones. Fondamentalement sans sa diversité la Francophonie perdrait toute sa beauté.

La diversité n’est pas seulement un fait mais elle doit appeler tous les Etats membres de la francophonie à agir ensemble. Agir ensemble pour la protection de l’environnement. La situation environnementale n’est pas la même dans tous les espaces francophones. Certains Etats présentent plus de risques que d’autres en matière d’environnement. Pour cela il faudrait que les Etats soient conscients et coopèrent pour un environnement plus sein et protégé.

Diversité aussi qui doit nous permettre de voir l’approche la plus appropriée à notre espace pour protéger notre planète. De nos jours la crainte de graves changements climatiques effraie plus d’uns. Il est fondamental d’agir ensemble. Les jeunes doivent prendre des initiatives et aussi participer dans les décisions des Etats. La Francophonie est diverse travaillons à sa diversité car en elle réside toute sa beauté.

 


Hommage à Marie-Antoinette Moise

Crédit photo: Billy
Crédit photo: Billy

Grand-mère, tu comptais tellement pour moi et voilà tu es partie sans même pouvoir me dire au revoir. Tu nous as laissés à une date à laquelle on ne s’attendait pas. On espérait tellement pouvoir jouir de ta présence, mais la vie en a décidé autrement.

A ton départ, je réalise une autrefois que perdre un être cher est très dur. Néanmoins, on ne peut s’empêcher d’accepter la mort quand elle frappe impitoyablement. Ne dit-on pas de la mort qu’elle est une cité où personne ne sortira vivant ? Malheureusement, ses sanglantes flèches ont atteint grand-mère à l’âge de 88 ans. Je n’espérais pas un départ sitôt en dépit du fait qu’à cet âge en Haïti on est déjà sûr d’un départ imminent…

Ce que tu étais à mes yeux

Pour avoir été élevé sous tes directives, je te connaissais presque par cœur. En toi je voyais l’exemple d’une femme courageuse. Toute seule tu as pu élever tes deux filles comme c’est le cas de beaucoup de mamans en Ayiti. Tu les as éduquées et conduites dans la bonne direction et elles en sont fières. « Ou se te yon fanm vanyan ou merite anpil respè. » Tu étais un exemple pour toute ta communauté.

Tu as été une femme affectueuse. Tu as montré de l’affection pour tes enfants, tes petits-enfants, les gens de ta famille et de ta communauté. Ton amour s’est manifesté de diverses manières. Tu nous aimais tellement que tu nous donnais incessamment de bons conseils. Des conseils pour notre bien et celui de toute ta communauté.

Je me demande comment je vais vivre sans toi. Tu te faisais toujours du souci pour l’avenir de tes petits enfants. Chaque soir, t’étais toujours la dernière à aller te coucher espérant que je passerai te voir. Quand je faisais une bêtise, ta façon de me punir traduisait l’immense cœur que t’avais mamie. Tu m’as appris beaucoup de choses, dont l’esprit de partage qui est en moi aujourd’hui. Mais tu es partie. Malgré tes 88 ans, j’espérais pouvoir passer d’autres merveilleux jours avec toi.

Mamie, tu nous manqueras toujours. Tant que nous serons sur cette terre, nous nous rappellerons toujours la grandeur de ta personne. Merci de nous avoir aimés et gâtés. Nous te porterons toujours dans nos cœurs. Tes souvenirs seront toujours une source d’encouragement pour chacun de tes enfants et petits-enfants. Nos pleurs et notre chagrin se disperseront, car nous savons que tu es partie en paix vers ta demeure. Va en paix et que la terre te soit légère. Nous t’aimerons toujours.

 


#StopRacismeRepDom

Crédit photo: Tilou Jean paul
Crédit photo: RBH / Tilou

Le racisme doit être combattu dans nos sociétés. Nous disons non au racisme en République dominicaine.

NO al racismo en la República Dominicana
ABA rasis nan Sendomeng
NON au racisme en République dominicaine
لا للعنصرية في جمهورية الدومينيكان
NEIN zu Rassismus in der Dominikanischen Republik
NO al racismo en la República Dominicana
NO al razzismo nella Repubblica Dominicana
NEJ till rasism i Dominikanska republiken
Нет расизму в Доминиканской Республике
Não ao racismo na República Dominicana
NEE tegen racisme in de Dominicaanse Republiek
도미니카 공화국의 인종 차별주의에 없음
没有种族主义在多明尼加共和国
ドミニカ共和国での人種差別にノー


Pour toi chère inconnue

Crédit photo: faty.mondoblog.org
Crédit photo: faty.mondoblog.org

Te rencontrer était quelque chose de formidable. Tu donnais l’impression à première vue d’être une fille timide et réservée. Cependant nul ne pouvait s’empêcher de te regarder. Rien qu’à te contempler, qu’à observer ta démarche le frison montait d’un cran. L’impact que tu as fait dès le premier jour de notre rencontre était unique. Plus d’un pensaient que tu n’étais pas d’un abord facile mais ton sourire ne cessait d’attirer les regards vers toi. Au-delà même des regards,  on ne pouvait s’empêcher de penser à t’approcher. Partager quelques phrases avec toi,  avoir ton numéro, pouvoir te dire à quel point tu attires tracassaient tellement les esprits.

Les jours passaient et tu continuais de briller. Entre temps beaucoup se jetaient déjà dans l’eau pour  t’arracher un mot. Finalement, tu te révélais être une fille très ouverte avec  plein de qualités. Non seulement tu es craquante mais aussi tu possèdes des qualités qui te rendent encore plus attirante. Tu es d’une gentillesse et d’une amabilité extraordinaires. On a découvert une fille pleine d’humour et de sens de responsabilité. Cela n’a pas duré pour que tu influence ceux qui évoluaient autour de toi…

Cependant je dois te dire honnêtement il existait quelqu’un qui t’observait dans la clandestinité. Ce quelqu’un ressentait dans le tréfonds de son être quelque chose qui vibrait pour toi. Il se disait tout le temps en lui-même qu’il faut que lui aussi puisse te côtoyer de plus près. Te  côtoyer pour pouvoir découvrir ce que tu possédais en toi. Sans t’en rendre compte tu lui as ouvert la voie. Il s’est ébloui de te voir lui accorder la possibilité dont il rêvait depuis le jour qu’il t’a vu pour la première fois. N’est-ce pas avec ton grand cœur plein d’humanisme que tu lui as tendu la main ? Il est assuré que le choix que tu as fait aujourd’hui d’accepter d’être appelé son inconnue n’est pas mauvais. Tu es une vraie beauté, ne laisse personne te conduire dans la mauvaise direction. Lui il est toujours là a t’observer. Continue à aimer, à partager et à sourire car cela fait du bien je t’assure. En lisant cette lettre tu comprendras.

© Billy


Ta pierre compte aussi dans la chaîne de vie

Crédit photo: www.quebecoislibre.org
Crédit photo: www.quebecoislibre.org

Dans la vie certaines fois pour être apprécié on s’attend à accomplir de grandes choses. Des choses comme devenir riche, sauver un pays, être un scientifique très connu, réaliser des choses hors du commun, etc. Bref, nos sociétés regardent aussi ce qui saute aux yeux et la plupart du temps ignorent les multiples choses qu’on réalise au quotidien. En ce sens bon nombre de personnes pensent avoir échoué, car elles estiment n’avoir jamais accompli des prouesses dont elles peuvent être fières.

Cependant, rien que pour rendre la vie meilleure des milliards de gens apportent leur petite pierre partout à travers le monde. Certains dédient toute leur vie à la cause des autres. Pour d’autres, c’est la plupart de leurs activités et même leur temps qu’il convient de partager pour améliorer l’existence humaine. D’autres offrent leur force, leur courage, et même leur dévouement. Il y en a qui apporte des conseils, des mots de réconfort, des sympathie. D’autres encore ne partagent qu’un simple sourire profond et sincère et cela contribue à éclairer la quotidien. Que de bonnes choses on peut faire pour que le lendemain soit meilleur partout sur notre planète…

Oui notre planète ne dépend pas exclusivement des dirigeants politiques ou des élites économiques. Pour rendre la vie meilleure, il n’y a pas que les Organisations non gouvernementales (ONG) qui puissent travailler. Il n’y a pas que nos classes politiques qui puissent aider les plus vulnérables. Il n’y a pas que les élites intellectuelles qui puissent apporter leur pierre. Il n’y a pas que les associations humanitaires ou caritatives. Il n’y a pas que les institutions traditionnelles. Par contre, l’amélioration de la vie dépend de chaque citoyen du monde entier. Chaque homme et femme, enfant, de toutes catégories sociales, à la possibilité de maintenir la chaîne de vie sur notre planète en éveil.

Chacun de nous d’une façon ou d’une autre peut construire quelque chose d’utile pour le monde. Nous tous pouvons, avec les maigres moyens que nous possédons pour les uns,  les grands moyens pour les autres, les moyens suffisants pour soi et réaliser quelque chose pour sauver ou protéger la vie. Combien existe-t-il d’enfants, d’hommes et de femmes à travers le monde qui attendent une simple action de nous ?  Sûrement beaucoup. N’est-il pas important de penser à offrir plutôt qu’à recevoir ?

Je pense que notre monde dépend de chacun de nous. Le moindre effort compte. Le moindre geste d’amour veut dire beaucoup. La plus petite action peut susciter l’admiration. Mais ce qui compte réellement, c’est qu’au fond nous agissons pour améliorer la vie. Nos bonnes actions apportent de la joie, du réconfort et font renaître l’espoir. Même si l’on ne nous honore ni ne nous ovationne pas. Même si nous sommes négligés, apportons notre pierre. Aidons à construire, à donner de l’espoir, à faire revivre, à promouvoir la vie.

© Billy


De la problématique de l’éducation à plusieurs vitesses en Haïti (Partie 2)

Crédit Photo: www.haitioutreach.org
Crédit Photo: www.haitioutreach.org

Dans la première partie de notre travail (à lire ici) nous avons commencé à partir de certains constats à formuler le problème. Mais pour continuer il devient nécessaire de  consulter un certain nombre d’ouvrages traitant d’éducation sous l’angle dans lequel nous la considérons. Voilà pourquoi nous avons entrepris de lire plusieurs auteurs dont nous présentons le contenu des travaux.

En tout premier lieu nous avons consulté Charles Tardieu. Dans son texte « L’éducation en Haïti de la période coloniale à nos jours », paru en 1980 Tardieu précise qu’avant l’indépendance il existait deux systèmes d’éducation dans la colonie. Premièrement, l’éducation formelle avec l’instruction comme pilier destiné uniquement à la formation des colons. Deuxièmement, l’éducation marron qui s’adressait clandestinement et qui était une éducation contradictoire articulée autour du vodou et du syllabaire…

Après l’indépendance, Tardieu souligne qu’il existait des disparités colossales entre les privilégiés et la masse malgré le fait qu’il y a eu des efforts significatifs sous Dessalines avec une politique publique de l’éducation limitée dans le temps faute d’argent.

Pour Tardieu, avec le concordat de 1860 qui a vu l’octroi à l’église catholique de la possibilité de s’occuper de l’éducation en Haïti, ceci donnera au clergé catholique l’occasion de renforcer le système d’éducation en faveur de l’élite haïtienne. Il relate que le système est mu par des contradictions  dès sa genèse dont il faut tenir compte.

Selon Tardieu il y a eu une différenciation entre les écoles des milieux urbains et celles des milieux ruraux. Cela a duré jusqu’en 1978 où les écoles en milieu urbain dépendaient du ministère de l’éducation nationale et des écoles rurales  dépendaient du ministère de l’agriculture. Avec la loi du 7 mars 1978 les deux écoles urbaines et rurales ont pu être unifiées. Mais l’auteur précise que cette union ne produisait pas l’effet escompté car au lieu d’une école nouvelle et unique, on a assisté à un désagrément des structures existantes par manque de budget et d’encadrements appropriées.

 

Edner Brutus, pour sa part, dans son texte intitulé « l’instruction publique en Haïti » précise que l’organisation de l’éducation dans la colonie  en deux systèmes ainsi faite était réfléchi et conscient. Il écrit : « Vis-à-vis de la grande foule noire, le colon demeura intraitable son ignorance  était une fatalité économique et la sauvegarde d’un ordre.»

Apres l’indépendance, Edner précise que dans le Nord Henri Christophe a fait appel à l’Angleterre pour assurer l’éducation avec la méthode lancastérienne en Haïti ce qui n’a pas trop intégrée les masses selon l’auteur.

Brutus précise que de 1804 à 1848 l’éducation restait dans le sud et l’Ouest du pays l’apanage d’une minorité malgré les efforts de Christophe dans le Nord. Par ailleurs il affirme que l’éducation n’a pas pour autant perdu son caractère aristocratique. Notre système économique qui n’a fait que changer de bénéficiaire après l’indépendance reste l’adversaire  principal de l’enseignement rural.

 

Le professeur Jean Anil Louis Juste, Pense que l’école telle qu’elle fonctionne ne vise à garantir que les intérêts d’une minorité tout en méconnaissant les besoins de la majorité. Majorité constituée par la masse paysanne à laquelle il faut montrer une quelconque supériorité d’une minorité. Il avance que l’expérience haïtienne de l’éducation est essentiellement discriminatoire dans la mesure où elle ne vise qu’à la formation d’une élite intellectuelle. Il soutient par ailleurs que l’éducation est conçue comme l’une des sphères de la reproduction socio-politique dont l’Etat dispose en sa faveur. Il écrit : « L’élitisme éducatif est une orientation pédagogique qui vise la reproduction des inégalités sociales crées depuis l’appropriation privée des terres au lendemain de l’indépendance. »

Ces travaux nous permettent de prolonger les constats faits en apportant des éléments prouvant que notre système n’est pas uniformisé.  Si tel est le cas nous pouvons nous amener à nous demander en quoi ce système éducatif à plusieurs vitesses contribue-t-l à diviser le pays ? Ou encore entrevoir les multiples conséquences que cela a sur le quotidien de nos enfants. Ou encore, détecter les mécanismes de fonctionnement et bien d’autres interrogations encore. Je me propose donc de continuer dans un prochain billet.

Textes consultés

1.-Brutus, Edner, Instruction publique en Haïti, Atelier Fardin, Port-au-Prince 1979.

2.-Louis Juste, Jean Anil, De la crise de l’éducation à l’éducation de la crise en Haïti, la presse de l’imprimeur de Port-au-Prince, 2003

3.-Tardieu, Charles, l’éducation en Haïti de la période coloniale à nos jours, imprimerie Henry Deschamps.

© Billy